
S’il existait un « Guinness Book » du multilatéralisme, ce déjeuner y figurerait en bonne place. Le 30 novembre 2015, pas moins de 157 chefs d’Etat et de gouvernement –76 présidents, sept souverains régnants et cinq princes héritiers, 60 premiers ministres et 9 vice-présidents – ont été accueillis, au Bourget (Seine-Saint-Denis), lors du déjeuner d’ouverture de la conférence de Paris sur les changements climatiques.
Un banquet diplomatique record. Et un souvenir inoubliable pour les huit chefs à la baguette de ce repas de la COP21, devant à la fois porter haut les couleurs de la France et celles de l’environnement. Qu’ils aient imaginé le menu (Yannick Alléno, Alexandre Gauthier, Nicolas Masse, Marc Veyrat et Christelle Brua), ou coordonné ce rassemblement hors du commun (Thierry Charrier, chef du Quai d’Orsay, Guillaume Gomez, chef de l’Elysée, Guy Krenzer, chef de la maison Lenôtre).
« Gastrono-diplomatie »
« Ce genre de conférence ne peut fonctionner sans volonté au plus haut niveau politique, assure aujourd’hui Laurent Fabius, alors ministre des affaires étrangères, sous la présidence duquel se déroulait la COP21. J’avais estimé que la présence de ces chefs d’Etat était indispensable à l’ouverture de la conférence, pour qu’ils envoient un message à leurs négociateurs : “Faites ce que vous voulez, mais dans deux semaines, il faut que ce soit un succès” ».
Pendant des mois, l’équipe diplomatique s’affaire pour convaincre la planète de se rassembler. « Evidemment, les choses se décoincent un peu quand vous avez l’accord des présidents américain et chinois, remarque l’ancien premier ministre de François Mitterrand, désormais président du Conseil constitutionnel. « Il fallait un déjeuner qui fasse écho à l’excellence environnementale et à l’excellence gastronomique française, sans ostentation. » Une « gastrono-diplomatie » que cet admirateur de Talleyrand avait choisi d’étendre aux deux semaines du sommet. « J’avais assisté à une COP, dans un pays que je ne nommerai pas, où nous avions été malades la moitié du temps. Et il est compliqué de négocier quand vous avez la turista. J’avais donc dit à ceux qui s’occupaient des repas des négociateurs : “Faites simple mais très bon !” »
S’il consulte le chef du ministère et celui de l’Elysée, M. Fabius s’occupe personnellement du casting du déjeuner d’ouverture. Peu avant le sommet, il avait assisté au dîner de lancement du guide Gault & Millau. « Chef de l’année » de cette édition 2015, Alexandre Gauthier, jeune patron de La Grenouillère, à la Madelaine-sous-Montreuil (Pas-de-Calais), tape dans l’œil de celui du Quai d’Orsay. « Je le trouve à la fois très créatif et très sensible à une cuisine végétale, inspirée par son potager et son jardin », s’enthousiasme le ministre, qui propose au cuisinier de s’occuper du plat principal.
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August 20, 2020 at 11:00AM
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« Un jour, un festin ». En 2015, huit chefs pour la planète - Le Monde
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